Uvéite
Une uvéite est une inflammation de l’uvée ((iris, corps
ciliaire et /ou choroïde).
On distingue :
L’uvéite antérieure qui peut atteindre l’iris : iritis, le corps
ciliaire : cyclite, ou les deux : iridocyclite.
L’uvéite intermédiaire correspond à une inflammation du
vitré : hyalite.
Une uvéite postérieure touchant la choroïde est une
choroïdite, ou une choriorétinite.
Une panuvéite ou uvéite totale touche toutes les structures
de l’uvée.
La tendance actuelle est de classer les uvéites en
antérieure, intermédiaire et postérieure, aiguë ou chronique.
L’uvéite étant une affection potentiellement grave, la prise
en charge par l’ophtalmologiste doit être rapide.
L’examen comportera, outre l’interrogatoire, une mesure
de la réfraction et de l’acuité visuelle bilatérale, de loin et
de près. Un examen à la lampe à fente avec mesure de la
pression intraoculaire, et un examen du fond d’œil, au
verre à 3 miroirs.
Il faudra y associer un examen plus général (parotides,
glandes lacrymales, état cutané…) selon les cas à la
recherche d’une maladie causale.
L’uvéite est une pathologie extra-digestive des MICI.
1/ Uvéites antérieures : iritis, cyclites, iridocyclites :
Symptômes :
Baisse variable de l’acuité visuelle, absente ou modérée
en cas d’uvéite antérieure.
Douleurs oculaires variables souvent à type de pesanteur.
Larmoiement, blépharospasme, gène à la lumière
(photophobie).
A l’examen l’Ophtalmologiste retrouve des signes
caractéristiques :
- Oeil rouge avec cercle périkératique (dilatation des
vaisseaux d’origine ciliaire)
- Pupille serrée, pas de sécrétions purulentes et surtout à la
lampe a fente, présence d’un Tyndall se présentant comme
« des grains de poussière dans un rayon de soleil », voir
hypopion réalisant un niveau blanchâtre inférieur ainsi que
des dépôts rétro derrière la cornée.
- On peut encore retrouver des synéchies irido-cristalliniennes
fixant la pupille sur la face antérieure du cristallin.
2/ Uvéites postérieures :
Toute uvéite postérieure peut être associée à une uvéite
antérieure, et présenter la symptomatologie décrite ci-dessus.
Symptômes :
- Baisse d’acuité visuelle liée au trouble vitréen (hyalite) ou
à la localisation maculaire d’un foyer.
- Scotome (partie du champ visuel non vu ou dont la
perception est altérée), qui traduit le foyer choriorétinien.
- Vision de « mouches volantes » (Myodésopsies).
- Phénomènes lumineux (Photopsies) par traction vitréo-
rétinienne.
- Métamorphopsies parfois : (déformations visuelles).
L'examen de l'ophtalmologiste retrouve le troubele vitéen
localisé ou diffus (hyalite) avec parfois des condensations
inférieures associés ou non à une choriorétinite en foyer de
localisation et variable.
Devant ce diagnostic, il importe d’entreprendre un bilan à la
recherche de la cause de cette uvéite.
Il repose sur l’interrogatoire, et sur les examens complémen-
taires éventuels.
1/ Interrogatoire :
Antécédents familiaux, personnels, ophtalmologiques,
mode de vie et facteurs de risque, signes associés cutanés,
rhumatologiques, ORL, génito-urinaires…, date et mode
d’apparition, d’évolution, notion de récidive, de traitement,
de bilan…Contraception ?
Statut sérologique (toxoplasmose ? rubéole ? HIV ?)…
2/ le Bilan :
Devant un premier épisode d’uvéite antérieure modérée,
et en l’absence de signes d’appel en faveur d’une
étiologie, le traitement est entrepris sans bilan étiologique
complémentaire.
Par contre, devant tout épisode d’uvéite postérieure,
d’uvéite antérieure récidivante ou sévère, un bilan orienté
par l’interrogatoire et l’examen clinique est entrepris, sans
que cela ne retarde le traitement.
3/ Les causes des uvéites sont nombreuses et variées :
- Causes locales :
Post-chirurgicales, tumeur oculaire, décollement rétinien
ancien, corps étranger, Hétérochromie de Fuchs :
hétérochromie irienne, cataracte, uvéite.
- Causes locorégionales :
- Infection ORL ou dentaire de voisinage.
- Ophtalmie sympathique (après atteinte de l’autre œil).
- Causes infectieuses :
-Tuberculose, Syphilis, brucellose, leptospirose,
rickettsiose, lèpre, Candidose…
- Herpès, Zona, CMV (SIDA).
- Toxoplasmose, Toxocarose : uvéite postérieure avec
choriorétinite.
- Causes rhumatismales :
La spondylarthrite rhumatismale avec HLA B27+ donne
une uvéite antérieure. La recherche d’HLA B27 est
systématique devant une uvéite antérieure.
- Causes générales :
Maladie de Crohn et Recto-colique Hémorragique.
Diabète à rechercher devant toute uvéite.
Sarcoïdose.
Sclérose en plaques donne parfois une uvéite antérieure
Lymphome parfois retrouvé en cas d’uvéite postérieure
du sujet âgé.
L’évolution :
Sous traitement, les uvéites guérissent volontiers sans
séquelles.
Mais les récidives sont fréquentes, et la répétition des
épisodes favorise les complications.
On observe parfois une corticodépendance.
Tout foyer choriorétinien « guéri » le fait au prix d’une
cicatrice atrophique rétinienne, grave si sa localisation est
maculaire.
Les uvéites peuvent se compliquer de cataracte,
d’hypertonie, de décollement rétinien, de synéchies
irido-cristalliniennes définitives, de glaucome, d’atrophie
optique.
Les complications de la corticothérapie ne sont pas
exceptionnelles.
Traitements
Traitement de l’uvéite antérieure :
Corticothérapie en collyres.
Mydriatiques (collyres qui dilatent la pupille et qui
brouillent la vision de près temporairement) pour éviter
la constitution de synéchies.
-Traitement de l’uvéite postérieure :
Corticothérapie locale et générale.
Parfois, on a recours devant les cas graves aux
immunosuppresseurs au long cours.
Le patient doit être informé de la nature et de l’évolution
de sa maladie, il doit venir consulter en cas de récidive.
Il doit également être informé, ainsi que son médecin,
des risques de la corticothérapie locale abusive.
Un cas particulier, la toxoplasmose oculaire :
La choriorétinite toxoplasmique est une affection
relativement fréquente, et une cause d’uvéite postérieure
à rechercher.
C’est dans la grande majorité des cas (sauf chez les
patients SIDA) la réactivation d’un foyer de toxoplasmose
congénitale (présent à la naissance, lié à une infection
maternelle), et méconnu ; et non pas une toxoplasmose
acquise.
Le patient, généralement adolescent ou adulte jeune,
consulte pour une baisse d’acuité avec scotome, mouches
volantes, parfois des phénomènes lumineux, des méta-
morphopsies (vision déformée des lignes droites).
A l’examen l’ophtalmologiste observe des signes d’uvéite
antérieure (Tyndall) associés.
On observe une lésion en foyer avec une réaction vitréenne
en regard.
La découverte de cicatrices choriorétiniennes sur un œil
a une valeur d’orientation diagnostique en faveur de la
toxoplasmose.
Le diagnostic positif repose sur l’interrogatoire, les
sérologies sanguines répétées, et le dosage des
anticorps et le prélèvement d’humeur aqueuse par
ponction de chambre antérieure.
L’angiographie à la fluorescéine apportera des arguments
pour le diagnostic positif, mais surtout, permettra de juger
de l’évolutivité et de la cicatrisation des lésions.
Un traitement général sera entrepris, en l’absence de
contre-indications, et en informant le patient des risques
potentiels et de la conduite à tenir le cas échéant.
Il associe classiquement pyriméthamine, sulfadiazine, de
l’acide folique, et parfois une corticothérapie générale.
Une surveillance clinique et biologique hebdomadaire est
nécessaire.
L’évolution se fait vers la cicatrisation du foyer chorio-
rétinien toxoplasmique, mais le risque de récidive et de
réactivation à partir du bord du foyer est toujours possible.
En conclusion, ne négligez pas un problème oculaire !
Une uvéite c'est douloureux et ce n'est pas bénin.
Ne négligez pas votre santé !
Les rdv chez l'ophtalmologiste ont des délais d'attente
parfois longs... Alors pensez aux urgences en CHU.