Nos émotions assurent notre survie !
Parce qu’elles nous fondent, les refuser, c’est se mettre en
danger.
Mieux vaut donc les vivre pleinement, mais sans démesure !...
Colérique, anxieux, jaloux, dépri-mé, hyperémotif, vous êtes
tenté d’adopter le second point de vue.
Vous rêvez de la pilule miracle qui vous débarrasserait de
votre bouillonnement émotionnel…
Attention au revers de la médaille !
Sans émotions, l’asocialité et l’exclusion vous guettent, vous
multiplierez les comportements inappropriés ; sans le garde-
fou de la peur, vous deviendrez dangereux pour vous-même
et pour les autres. Votre vie sera marquée par l’indifférence
et l’ennui.
Plus du tout affecté par les événements, vous perdrez la
mémoire.
Le meilleur choix est donc d’apprendre à vivre avec elles.
Selon l'avis de psychologues, notre gamme d’émotions s’est
inscrite dans nos gênes dans la mesure où elles assurent
notre survie. Tout comme notre capacité à nous tenir debout
ou à saisir des objets nous a permis de mieux survivre et de
nous reproduire dans notre environnement : le désir nous
pousse à choisir un partenaire, la colère à faire fuir les enne-
mis, la peur nous tient à distance des périls, la tristesse nous
assure le soutien des autres.
Les émotions sont des codes qui permettent de communiquer
les uns avec les autres. Notre culture, les exigences de notre
société nous incitent à manifester des émotions afin d’être
compris et accepté par le groupe.
Exemple :
Si je suis issu d’une société du Sud, lors d’un deuil, je dois
manifester ma tristesse de façon très bruyante.
En Angleterre, je me ferai traiter d’hystérique.
Un cadre supérieur qui explose de colère et injurie ses colla-
borateurs en réunion passera pour un caractériel.
En revanche, le loubard de banlieue s’abstenant de réagir à
une offense par une colère violente sera considéré comme
un lâche.
Premier critère : la durée !
Une émotion est un choc, un changement d’état rapide, alors
qu’un sentiment s’étend dans le temps.
Mais effectivement, une émotion telle que l’amour est durable :
au moins quelques heures… D’où la distinction entre émotion
fondamentale et émotion mixte.
Pour mériter le titre de fondamentale, une émotion doit débuter
soudainement, être présente chez le bébé et les primates, se
distinguer parfaitement des autres, s’accompagner d’une exp-
ression faciale caractéristique.
L'amour est constitué d’émotions et de pensées diverses :
la peur de n’être pas aimé, d’être abandonné, la tristesse
quand on est moins aimé qu’on aime, l’excitation, la joie, etc...
Les émotions socialement ou moralement inacceptables sont
souvent refoulées, déplacées, métamorphosées.
Exemples :
Je suis en colère contre mon patron. Evidemment, je ne peux le
couvrir d’injures, donc je me calme, je refoule temporairement
mon ire, que je déverse sans la moindre raison apparente sur
mon conjoint en rentrant chez moi. Je suis incapable d’exprimer
ma colère ? Je me venge méthodiquement sur la nourriture.
Je peux aussi somatiser : je prends sur moi et je me retrouve
avec un mal de ventre.
Je peux aussi nier ma colère : j’entre en moi-même et je me
coupe de mes émotions.
Si, pour moi, elle est une émotion inacceptable, synonyme de
« méchanceté », de « perte d’amour », toutes les fois que je la
ressentirai, elle se métamorphosera en culpabilité et en tristesse.
Très souvent aussi, l’envie – émotion taboue – sera enfouie et
se transformera en agressivité ou en en admiration vis-à-vis de
la personne qui l’excite.
S’il y a une norme, elle est sociale. En fait, nous souffrons tous
d’émotions que nous ne pouvons maîtriser, que ce soit la peur,
la colère, la jalousie, la honte.
C’est le produit à la fois de nos gênes, de notre éducation et de
notre histoire personnelle. Pourtant, être toujours joyeux et de
bonne humeur nous exposerait à des situations périlleuses :
nous aurions trop confiance en nous-mêmes, serions trop influ-
ençables, l’absence d’inhibition nous inciterait à des attitudes
déplacées en société.
Toutefois, être envahi en permanence par la honte, l’embarras,
la culpabilité ou l’anxiété empêche de vivre. Mais cet excès dé-
passe le cadre de la vie émotionnelle « normale ».
Etre parasité par la peur du regard de l’autre nous entraîne du
côté de la phobie sociale, qui nécessite un traitement approprié.
Une tristesse trop prolongée et une culpabilité trop envahissante
sont les symptômes d’une dépression.
Dès lors que nous nous coupons de nos émotions, nous deve-
nons moins intuitifs. Aussi commettons-nous des erreurs d’ap-
préciation sur les autres et sur nos propres besoins.
De plus, dans les périodes où nous sommes moins attentifs à
elles, nos facultés de mémorisation décroissent.
Certaines personnes se présentent d’emblée comme peu ex-
pressives, très souvent parce qu’elles craignent de souffrir d’un
trop-plein d’émotivité. Confrontées à une séparation ou à des
problèmes professionnels, elles se contentent de se déclarer
fatiguées. Généralement peu loquaces, quand elles racontent
un épisode de leur vie, c’est sur un ton neutre, concluant par un
« c’était sympa » ou un « c’était un peu ennuyeux ».
Résultat, elles se plaignent souvent de la pauvreté de leur vie
sociale et de leur vie amoureuse.
D’abord, en étant plus attentif à ses propres émotions.
Certains romans, certains films nous apprendront à vivre des
émotions que nous refusons – la jalousie, l’envie, la colère, la
tristesse. Ensuite, il s’agit d’être plus à l’écoute des sensations
corporelles signalant que nous sommes en train d’éprouver telle
ou telle émotion – l’accélération du rythme cardiaque, la moiteur
des mains, la chaleur qui inonde le visage.
On peut aussi s’essayer à l’écriture, en décrivant les émotions
ayant accompagné des situations douloureuses ou particuliè-
rement agréables de notre vie.
Cet exercice permet d’explorer nos pensées et le discours que
nous nous tenons intérieurement.
Cette faculté s’appelle l’empathie. Les études montrent qu’elle
augmente les comportements d’entraide et de soutien, qu’elle
a un effet apaisant sur les émotions négatives et améliore les
relations humaines.
A l’inverse, l’indifférence absolue à l’état émotionnel de l’autre,
repérable chez les personnes atteintes de lésion cérébrale, les
délinquants ou même certains grands patrons, par exemple,
accroît les comportements déviants.
Votre conjoint conduit trop vite. Vous pouvez hurler : « Tu es
complètement dingue de rouler à cette allure. » Ou, au contraire,
lui dire : « Je sais que tu aimes conduire vite, mais moi, je me
sens mal ». Exprimer un souhait de manière personnelle et émo-
tionnelle ramène la communication à un niveau plus égalitaire et
stoppe le conflit. Bien sûr, ça ne marche pas à tous les coups.
Par exemple, si vous essayer de calmer la mauvaise humeur
d’une personne dont vous courtisez le conjoint : « Je comprends
que cela vous contrarie, mais votre femme me plaît tellement » !
Nous sommes inégaux sur le plan émotionnel et certaines per-
sonnes sont surtout prédisposées aux émotions négatives.
Peut-être parce que, traditionnellement, notre société valorise
plus les comportements mélancoliques, le calme, l’humilité, la
sagesse, que les explosions de joie !
On sait que les émotions positives ont une influence favorable –
transitoire ou durable – sur le système immunitaire.
Mais est-il dangereux de cacher ses émotions négatives ?
A ses débuts, la médecine psychosomatique a fait l’hypothèse
qu’à chaque type d’émotion refoulée correspondait un type de
trouble (angoisse de séparation-asthme, colère rentrée-douleurs
abdominales, etc...).
Les recherches n’ont pas vraiment confirmé ces intuitions.
Des études ont établi un lien entre colère retenue ou trop fré-
quente et risques cardio-vasculaires.
Plus que l’émotion elle-même, il semble que ce qui rend malade
est l’attitude globale des personnes colériques : leur hostilité en-
vers les autres !
Oui et non. Le problème, c’est que nous sommes de formidables
machines à nous habituer.
Nous nous habituons à des conditions de vie désastreuses pour
éviter de trop désespérer, mais nous nous habituons aussi très
vite à ce que nous avons.
Au bout d’un certain temps, la vision de l’être qui nous faisait
trembler d’excitation amoureuse et de bonheur cesse de nous
rendre euphorique.
Les chercheurs nomment le bonheur un « bien-être subjectif » :
être heureux est une question d’évaluation.
Certains d’entre nous sont davantage prédisposés à cette forme
de bonheur que l’on appelle le contentement et qui consiste à se
réjouir d’avoir ce que l’on a.
D’autres sont plus sensibles à la joie qui, elle, implique un afflux
régulier d’émotions agréables.
Cet état émotionnel est plus difficile à obtenir.
Aussi, savoir se contenter de ce que l’on a offre plus de chances
d’être heureux dans sa vie.
Je vous souhaite de belles émotions intenses... et tout le
bonheur du monde...
Sophie ♥