Le syndrome de fatigue chronique (SFC), aussi appelé
encéphalomyélite myalgique, est caractérisé par une très
grande fatigue et plusieurs autres symptômes qui ne sont pas
améliorés par le repos au lit et qui peuvent être aggravés par
une activité physique ou un effort mental.
Les personnes atteintes fonctionnent souvent à un niveau
d'activité nettement plus bas qu'avant d'être malades.
Les causes de la maladie n'ont pas encore été identifiées et
il n'y a pas de test qui permette de diagnostiquer la maladie.
Aucun traitement ne guérit actuellement la maladie.
Parce que la fatigue est un symptôme de plusieurs maladies,
il est nécessaire de prendre soin d'exclure la présence de
ces dernières, qui peuvent souvent être traitables, avant de
poser le diagnostic de fatigue chronique.
Des critères diagnostiques proposés en 1994 sont toujours
adoptés internationalement notamment par les US Centers
for Disease Control and Prevention américains.
Les voici :
-
La personne a ressenti une sévère fatigue chronique pendant 6 mois consécutifs ou plus et la fatigue n'est pas due à un effort continu actuel ou à d'autres conditions médicales associées à la fatigue (ces autres conditions doivent être exclues, dont plusieurs au moyen de tests diagnostiques médicaux);
-
La fatigue interfère de façon significative avec les activités quotidiennes et le travail;
-
La personne a actuellement 4 ou plus des 8 symptômes suivants:
- malaise post-effort qui dure plus de 24 heures;
- sommeil non récupérateur;
- altération significative de la mémoire à court terme ou de la concentration;
- douleurs musculaires;
- douleurs dans les articulations sans gonflement ou rougeur;
- maux de tête d'un type nouveau ou plus grande sévérité;
- ganglions lymphatiques sensibles dans le cou ou les aisselles;
- mal de gorge qui est fréquent ou récurrent.
D'autres symptômes peuvent également être présents :
- Douleurs abdominales
- Intolérance à l'alcool
- Gonflement abdominal
- Douleur à la poitrine
- Toux chronique
- Diarrhée
- Étourdissements
- Yeux secs, bouche sèche
- Mal d'oreilles
- Rythme cardiaque irrégulier
- Douleur à la mâchoire
- Raideur au lever
- Nausées
- Transpiration nocturne
- Problèmes psychologiques tels que la dépression, l'irritabilité, l'anxiété, les attaques de panique
- Souffle court
- Sensations cutanées tels que picotements
- Perte de poids
Plusieurs symptômes de la maladie sont communs à d'autres
affections, notamment la fibromyalgie.
Selon des estimations, de 20 à 70 % des personnes atteintes
de fibromyalgie rencontreraient les critères du SFC; de 35 à
70 % des personnes atteintes du SFC souffriraient de fibro-
myalgie.
Des chercheurs, dont les travaux sont publiés dans le Journal
of Medical Virology, suggèrent qu'un virus commun, l'herpès-
virus humain de type 6 (HHV-6), serait la cause possible
pour certains cas du syndrome de fatigue chronique (SFC).
À l'âge de 3 ans, plus de 95% de la population a été infectée
par le HHV-6, mais chez les personnes dont le système im-
munitaire est normal le virus reste inactif.
Il provoque de la fièvre et une éruption cutanée (ou roséole)
chez les nourrissons durant la petite enfance.
Chez les personnes immunodéprimées, il peut se réactiver
et causer un dysfonctionnement neurologique, une encépha-
lite, une pneumonie et une insuffisance organique.
Après la première infection, les neuf herpèsvirus humains
connus deviennent silencieux, ou latents, mais peuvent se
réactiver et provoquer des maladies lors d'immunosuppres-
sion ou au cours du vieillissement.
Une étude précédente de l'équipe de chercheurs a montré
que le HHV-6 possède une caractéristique unique parmi les
herpèsvirus humains : au cours de la latence, son ADN (ma-
tériel génétique) s'intègre dans le matériel génétique des
cellules humaines, plus précisément dans les structures si-
tuées aux extrémités des chromosomes appelées télomères.
Les études suggèrent qu'environ 0,8 % de la population amé-
ricaine et britannique porteraient ainsi une copie du HHV-6
dans chacune de leurs cellules.
Alors que la plupart des personnes portant ce virus intégré
semblent en bonne santé, elles pourraient être moins capa-
bles de se défendre contre d'autres souches du HHV-6.
Certaines de ces personnes souffrent d'une maladie qui res-
semblent au SFC.
Dans une cohorte de personnes atteintes du SFC avec des
symptômes neurologiques graves, Shara Pantry et ses col-
lègues de l'Université de Floride du sud ont constaté que la
prévalence du HHV-6 intégré était de plus de 2 %, soit plus
du double du niveau constaté dans la population générale
(0.8 %).
À la lumière de ce constat, les auteurs suggèrent de nommer
cette sous-catégorie du SFC syndrome de l'herpèsvirus hu-
main 6 hérité (SHH).
L'équipe de Medveczky a découvert que les personnes attein-
tes du SFC et porteuses du HHV-6 intégré non traitées pré-
sentaient des signes d'activité du virus.
Avec un traitement antiviral (valganciclovir), ces signes d'acti-
vité étaient disparus à la sixième semaine.
Le traitement à court terme, voire jusqu'à trois semaines, avait
peu ou pas d'impact sur l'activité du virus.
D'autres études sont nécessaires, indiquent les chercheurs,
pour confirmer que le HHV-6 est bel et bien la cause à l'origine
des symptômes dans certains cas.
Les médicaments antiviraux améliorent les symptômes neuro-
logiques sévères, y compris la douleur chronique et la fatigue à
long terme, chez un certaine proportion de personnes atteintes
de SFC.